Il semblerait que le tournage commencerait
ces jours-ci....... à Fontainebleau..... à vérifier....... je m'y colle Fontainebleau
Carnets de tournage
Fontainebleau est un studio de cinéma grandeur nature à deux pas de Paris : plusieurs châteaux, une forêt, des venelles médiévales... Il n'en fallait pas plus pour attirer les réalisateurs, français et étrangers.
Michel Revol
C'est un honneur qui ne rapporte rien, en termes de notoriété, à Fontainebleau : chaque année, plusieurs réalisateurs de cinéma plantent leurs caméras dans le château ou la forêt, mais le nom de la ville n'apparaît presque jamais au générique. Pas question, en effet, de briser la magie du cinéma en précisant que, dans « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre », cette forêt enneigée n'est pas en Armorique mais à une portée de menhir de Paris !
Combien sont-ils à porter sur grand écran la ville et ses atours ? Difficile à évaluer. A la mairie, le service chargé des demandes reçoit une dizaine de requêtes par an pour tourner en ville. La moyenne est similaire auprès de l'Office national des forêts, qui délivre les autorisations pour la forêt de Fontainebleau. Mais toutes les demandes ne sont pas accordées. « Un jour, un jeune réalisateur est venu nous voir : il voulait, dans son film, tourner en dérision un garde forestier. Nous l'avons éconduit ! » se souvient le porte-parole de l'ONF. Les conditions sont encore plus drastiques au château. « Le conservateur veille. Impossible, par exemple, de tourner dans les pièces ouvertes au public », raconte Patrick Bordier, directeur de production habitué des lieux.
Quant au Musée national des prisons, sollicité pour ouvrir ses geôles, il n'accorde ses autorisations qu'au compte-gouttes. Les Guignols de Canal +, qui voulaient tourner dans l'enceinte une scène avec la marionnette de Jacques Chirac, ont essuyé un refus : on ne va tout de même pas utiliser un bâtiment de l'Etat pour moquer ce même Etat... En fait, le ministère de la Justice, qui en est propriétaire, préfère ouvrir - gracieusement - les portes du musée aux jeunes réalisateurs sans le sou. Une notion de service public appliquée aux espoirs du cinéma ! Le ministère se montre aussi accommodant pour l'utilisation des pièces du musée. Les accessoiristes d'« Arsène Lupin », diffusé cette année, ont par exemple emporté une porte de geôle qu'ils ont copiée à de multiples exemplaires afin de reconstituer une prison d'époque.
Qu'ils tournent sur place ou fassent simplement des repérages, les réalisateurs se déplacent souvent en essaim. Sur le tournage d'« Astérix et Obélix : mission Cléopâtre », Alain Chabat était par exemple entouré d'une centaine d'acteurs, costumiers, techniciens... Pendant quinze jours, en 2001, une partie de cette escouade du septième art a logé dans les hôtels de la région. Bref, à défaut de retombées médiatiques pour la ville et ses environs, le cinéma produit au moins de substantielles retombées économiques...
Depuis 1903, date du premier long-métrage qui a pris la ville pour décor (« Adieux de Fontainebleau »), environ 300 films y ont été tournés. Le Point ouvre les carnets de tournage bellifontains de quelques grands films.
« Fantômas contre Scotland Yard » (1966).
Réalisé par André Hunebelle, ce volet de Fantômas se déroule en Ecosse. Mais, hormis les images du générique, il a été intégralement tourné en France. Le réalisateur a choisi la forêt de Fontainebleau pour mettre en boîte les scènes de chasse à courre. Ah ! Louis de Funès, engoncé dans son habit de vénerie, grimaçant à la vue de son cheval qui parle... André Hunebelle était d'ailleurs un adepte de Fontainebleau : il y tourna aussi « Les trois mousquetaires », en 1953, dans le parc du château avec Georges Marchal et « Le Capitan » avec Jean Marais, en 1960, dans la forêt.
« Au revoir les enfants » (1987).
Ce film relate une expérience vécue par son auteur, Louis Malle. Durant la guerre, élève dans le pensionnat des Carmes d'Avon, le réalisateur fut le témoin de l'arrestation d'enfants juifs ainsi que du père Jean et du surveillant Moreau. Mais, contrairement à une idée répandue ici, ce n'est pas le couvent des Carmes d'Avon qui servit de décor au film, mais le collège Sainte-Croix de Provins. En revanche, Louis Malle tourna en forêt de Fontainebleau les scènes de chasse au trésor, qui l'avaient tant marqué : « On nous envoyait chercher un trésor dans la forêt pour nous former le caractère. C'était terrifiant [...]. Il y avait les sangliers, le risque de rencontrer une patrouille allemande », expliquait-il aux Cahiers du cinéma en 1987.
« Rossini, Rossini » (1996).
A l'image de ses prestigieux voisins (Fontainebleau et Vaux-le-Vicomte), le château de Bourron accueille régulièrement des tournages (environ une demande tous les deux mois). Parmi ceux-ci, « Rossini, Rossini », avec Philippe Noiret, un long-métrage qui retrace la vie du compositeur italien, ou encore « La putain du roi » (1990), présenté au Festival de Cannes. Les atouts du château pour tourner des films d'époque ? Ses façades XVIIe, mais aussi ses allées et ses douves. Prix du « cachet XVIIe » : environ 3 000 euros de location par jour.
« L'homme au masque de fer » (1998).
Leonardo DiCaprio, John Malkovich, Gabriel Byrne, sans oublier Gérard Depardieu... Durant le tournage de ce film américain, qui met en scène Louis XIV et les trois mousquetaires, Fontainebleau et ses environs avaient des airs de Hollywood ! Toutes les scènes versaillaises furent tournées à Vaux-le-Vicomte (il est interdit de tourner à Versailles), mais le château de Fontainebleau servit aussi de décor à quelques passages du film : le soulèvement de la foule devant les grilles du château, ou encore la reconstitution, dans la cour Henri-IV, d'une scène de ville d'époque.
« Vatel » (2000).
En 1671, le prince de Condé organise à Chantilly trois jours d'agapes pour éblouir Louis XIV. Aux fourneaux : Vatel. Mais, parce que le château de l'Oise ne peut être utilisé qu'avec parcimonie, la production loue aussi celui de Fontainebleau. Ses couloirs servent à représenter ceux de Chantilly et quelques pièces du pavillon du Tibre, désaffecté, figurent le logement de Vatel. Avant le tournage, qui a lieu en août 1999, la production procède à d'importants travaux destinés à « vieillir » les intérieurs du pavillon : suppression des dorures, peinture en fausse pierre, suppression de cloisons, remise en place des serrures anciennes, etc. Le tournage a duré deux semaines : une semaine avec Gérard Depardieu, une autre avec Uma Thurman.
« Le pacte des loups » (2001).
En repérage dans la forêt de Fontainebleau, Christophe Gans, le réalisateur de ce film inspiré par la bête du Gévaudan, tombe en arrêt devant quelques misérables ruines non loin de Barbizon. Le réalisateur, à la recherche d'une abbaye pour tourner une scène importante du film, décide d'utiliser cet amas de pierres pour bâtir le décor. Au début de l'année 2000, les équipes dressent une véritable abbaye en carton-pâte. Christophe Gans y filme ensuite, de nuit, l'affrontement entre Samuel Le Bihan (Grégoire de Fronsac) et Vincent Cassel (Jean-François de Morangias). Dans la foulée, il tourne, aux abords de l'abbaye factice, le meurtre par Monica Bellucci de sa rivale, Virgine Darmon.
« Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » (2002)
Tourné en 2001 à Malte et au Maroc pour les scènes égyptiennes, le film d'Alain Chabat a été mis en boîte à Fontainebleau pour les scènes extérieures gauloises... Le passage est toutefois fort court : une poignée de secondes durant lesquelles on voit Jamel Debbouze (Numérobis) marcher à grand-peine dans la neige, à la recherche d'Astérix (Christian Clavier) et Obélix (Gérard Depardieu - décidément un habitué des lieux !). Pourquoi Fontainebleau ? « Parce que c'est le seul endroit qui, dans les environs de Paris, ressemble à une forêt bretonne », observe Patrick Bordier, directeur de production. En revanche, la neige est rare dans la région. Il a donc fallu recouvrir, pendant deux jours, le sol et les arbres d'un produit chimique. A noter que, dans soon film « Astérix et Obélix contre César » (1999), Claude Berri a aussi utilisé la forêt de Fontainebleau pour tourner une scène celte : il s'agit cette fois de la réunion des druides dans une clairière.
D'autres films tournés dans le château.
« La Marseillaise » (1937), tourné dans le château et dans les rues de Fontainebleau. Jean Renoir, le réalisateur, habitait d'ailleurs à Bourron-Marlotte.
« Molière ou la vie d'un honnête homme » (1978), d'Ariane Mnouchkine.
« Cyrano de Bergerac » (1989), avec Gérard Depardieu.
« Ma vie est un enfer » (1991), avec Josiane Balasko.
« Highlander », épisode 4 (1996), avec Christophe Lambert.
« Les enfants du siècle » (1998), de Diane Kurys.
« RRRrrrr !!! » (2003) : tous les essais filmés en forêt de Fontainebleau
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